Le prochain colloque du gEvaPP se tiendra à l'Institut Agro Dijon  du Mercredi 18 février au Vendredi 20 février 2026 : réservez votre agenda ! Voici le texte de cadrage (à télécharger aussi via ce lien) :

Évaluation des pratiques professionnelles et situations intermédiaires 

Après avoir étudié le sensible dans l’évaluation lors de notre dernière journée d’étude (Lille 2025) et les instruments et dispositifs d’évaluation des pratiques professionnelles à Bruxelles lors du dernier colloque 2024, l’Institut Agro Dijon et le gEvaPP souhaitent investiguer l’évaluation des pratiques professionnelles dans les situations intermédiaires et réciproquement, l’intérêt des situations intermédiaires pour l’évaluation des pratiques professionnelles. Pour Jean-François Metral, membre du Comité scientifique de notre colloque, « une situation intermédiaire (SI) est définie comme une situation d’interface entre les enseignements scolaires ou universitaires, et les périodes d’apprentissage en milieu professionnel ». Cette acception peut aussi fonctionner avec les formations professionnelles en alternance, et dans d’autres espaces d’éducation et/ou de formation, incluant des situations sur les lieux de travail (Olry, 2025). Ainsi « les SI constituent a priori des espaces et des moments propices à l’apprentissage de l’action professionnelle dans une perspective non utilitariste et développementale (Métral, 2016) qui passe par différents processus didactiques » (Veillard et al., 2024, p. 5‑6).

Différents types de situations peuvent a priori jouer cette fonction intermédiaire : des TP en atelier d’école à finalité exclusivement pédagogique ou intégrant une production réelle de biens et services (ex : formations agricoles et agroalimentaires ou formation en hôtellerie - restauration) ; des simulations de plus ou moins haute-fidélité ; des retours d’expérience (REX) de stage ou d’alternance ; des projets pour un commanditaire réel ou simulé […] (Veillard, Beaujean, et al., 2024, p. 6) mais aussi des situations sur les lieux de travail (Olry, 2025). 

Ceci permet de comprendre que toutes ces situations ne jouent pas nécessairement un rôle intermédiaire dans la réalité. Elles en ont le potentiel, mais plusieurs conditions doivent être satisfaites pour que cela soit le cas. Parmi ces conditions, l’hybridité a une fonction centrale. « Le potentiel d’une situation hybride à pouvoir jouer un rôle intermédiaire entre les différents contextes d’apprentissage réside alors dans l’agencement de ces composantes et des médiations didactiques qu’y déploient les formateurs » (Veillard, Beaujean, et al., 2024, p. 6.) La prise en compte des éléments du réel, au-delà des formes prescriptives (Clot, 2015), est centrale. L’hybridité d’une situation intermédiaire se constitue dans le rapprochement du réel avec les configurations didactisées ou organisées du travail (d’enseignement, de formation d’intervention) ; mais aussi dans l’intégration sinon la co-configuration des situations par les éléments pouvant provenir d’autres environnements, d’autres contextes ou univers sociaux.

Pour le groupe d’évaluation des pratiques professionnelles, les situations intermédiaires et leurs déploiements conceptuels et empiriques permettent de venir requestionner l’évaluation. Quelles sont les singularités qui caractérisent les évaluations dans les situations intermédiaires, comparativement aux situations dites « de terrain » et aux situations dites « d’école » ou de « formation » ? Comment des situations intermédiaires – qu’elles soient vécues comme telles et/ou analysées ainsi dans le cour de l’action, dans son après-coup réflexif – viennent réinterroger les « démarches et fonctions » de l’évaluation (de Ketele, 2010) ? Réciproquement, comment des pratiques évaluatives et assimilées viennent-elles à leur tour réinterroger les situations intermédiaires et générer, potentiellement, de nouvelles connaissances ?

Pour aborder ces questions de recherche, nous structurerons notre colloque autour de quatre axes d’appels à communication et à symposia sous la forme de quatre questions fondamentales :

Axe 1 - Quels sont les objets évalués, implicitement et/ou explicitement, dans ces situations intermédiaires ? 

Cet axe interroge ce qui fait l’objet de l’évaluation dans le contexte spécifique d’une situation intermédiaire : par exemple les références de l’évaluation ou les sources d’information nécessaires à la formation du jugement professionnel d’une personne évaluatrice. Par son hybridité, une situation intermédiaire convoque différents imaginaires et différentes « références » (Lecointe, 1997) sur lesquels vont se baser les jugements professionnels. Les communications exploreront des questions telles que : Comment les différents imaginaires et différentes références viennent-elles influencer ce qui est intentionnellement évalué ? Quels indicateurs pour une telle évaluation ?

Axe 2 - Qui (co)évalue(nt) dans les situations intermédiaires ?

Cet axe porte sur le profil des actrices et acteurs de cette évaluation, leurs relations, leur expertise, leur formation. Nous entendons ici par « acteurs » autant les évaluateurs que les concepteurs des outils de l’évaluation et les évalués. Par exemple, lors d’une réunion de débriefing entre la personne stagiaire et le tuteur de stage, le tuteur demande un retour d’observations au stagiaire après une situation de travail analysée par ses soins. Comment ces inversions des rôles caractérisent les professionnalités et jouent sur les formations des parties-prenantes ?

Axe 3 - Comment sont conçues/conduites les évaluations dans les situations intermédiaires ? 

Cet axe explore les conditions d’une situation intermédiaire en tant qu’elle vient interroger les modalités d’évaluer dans l’ordinaire professionnel. Ce faisant, comment ces conditions viennent-elles faire adapter les situations d’évaluation à leur tour ? Quels sont les outils privilégiés ? Quel(s) intérêt(s) la situation intermédiaire a-t-elle ou n’a-t-elle pas pour (soutenir l’acte d’) évaluer les pratiques professionnelles, les gestes professionnels adéquats ou jouant de l’hybridité d’une situation intermédiaire, tout en conservant une visée professionnelle ou professionnalisante pour les parties-prenantes ?

Axe 4 - Quels changement s’opèrent sur les pratiques professionnelles ou les situations de travail après une (auto)évaluation dans le cadre d’une situation intermédiaire ?

Ce dernier axe invite à réfléchir à l’après. Après avoir vécu une situation intermédiaire, les situations ordinaires du travail peuvent être réinterrogées, voire transformées, par la personne apprenante. Un exemple frappant fut les nouvelles adaptations pédagogiques à la suite des confinements durant la COVID-19. Comment ces transformations s’opèrent-elles ? Par quelles démarches d’(auto)évaluation un acteur professionnel en vient-il à s’inspirer des situations intermédiaires pour changer son quotidien professionnel ? Comment viennent-elles interroger son propre rapport au savoir ?

Pour connaître les consignes de communications : suivez ce lien !

Bibliographie indicative

Chrétien, F., & Métral, J.-F. (2016). Potentiel de transmission professionnelle et configurations de tutorat en situation de travail : Une illustration dans le secteur agricole. Recherche & formation, 1, 49‑68. https://doi.org/10.4000/rechercheformation.2701

Clot, Y. (2015). La fonction psychologique du travail (6e éd. corrigée). PUF.

Coulombe, S., Gagnon, C., Bisson, J., Gagné, A., Dupuis, S., Larouche, M., Alexandre, M., & Beaucher, C. (2020). Transformations des pratiques enseignantes en formation professionnelle au Québec avec l’arrivée de la COVID-19. Formation et profession, 28(4 hors-série), 1. https://doi.org/10.18162/fp.2020.682

de Ketele, J.-M. (2010). Ne pas se tromper d’évaluation. Revue française de linguistique appliquée, XV, 25‑37. https://shs.cairn.info/revue-francaise-de-linguistique-appliquee-2010-1-page-25?lang=fr

Gremion, C. (2020). Accompagner et/ou guider pour aider à la professionnalisation : Des pistes pour dépasser le paradoxe. In C. Pélissier (Éd.), Notion d’aide en éducation (p. 35‑56). ISTE Editions.

Jean, A., & Étienne, R. (2016). Sciences et savoirs technologiques dans l’enseignement professionnel et technique : Confrontations des perspectives de recherche. l’Harmattan.

Métral, J.-F. (2016). Entre situation de formation et situation professionnelle : Les « situations intermédiaires ». In Sciences et savoirs technologiques dans l’enseignement professionnel et techniques confrontations des perspectives de recherche (L’Harmattan). Harmattan. https://shs.hal.science/halshs-02103740

Olry, P. (2025). « SI » en entreprise : Formes du didactique pour apprendre. Communication au 7ème colloque de l’association Recherches et Pratiques en Didactique Professionnelle, «Faire de la didactique professionnelle», Toulouse, 16-18 juin 2025.

Veillard, L., Beaujean, B., de Bisschop, H., Bonnard, C., David, M., David, P., Depret, C., Droyer, N., Loizon, A., & Giret, J.-F. (2024). Les situations intermédiaires dans les formations en alternance (p. 141). France Compétences.

Veillard, L., Métral, J.-F., & Masson, C. (2024). Apprendre à porter le regard sur les situations de travail : Rôle des processus sémiotiques dans des espaces formatifs hybrides. Activités, 21(2). https://doi.org/10.4000/12hui

Le groupe Evaluation des Pratiques Professionnelles rassemble des chercheurs/euses et des praticien-ne-s travaillant dans le domaine des formations professionnelles.

Fondé en 2013 sous l’appellation groupe Evaluation des Pratiques Enseignantes (gEvaPE) à la Haute école pédagogique du canton de Vaud en Suisse, il a élargi ses préoccupations à l’ensemble des formations professionnelles, en collaborant, entre autres, avec l’Institut Fédéral des Hautes Études en Formation professionnelle (IFFP) à Renens (Suisse).

Le gEvaPP est ouvert à tous les chercheurs, formateurs et praticiens et à toutes les chercheuses, formatrices et praticiennes de l’évaluation des compétences professionnelles. Il organise tous les 24 mois un colloque scientifique. Le dernier a eu lieu les 31 janvier, 1er et 2 février 2024, à Bruxelles.